ENVIRONNEMENT ÉCOLOGIE au CANADA – La qualité de l’air au Canada

ENVIRONNEMENT ÉCOLOGIE au CANADA – La qualité de l’air au Canada

En ce qui a trait à la qualité de l’air des différents pays de la communauté internationale, le Canada est loin des premiers de classe: il est 60e sur 133, coincé entre le Cambodge et la Slovénie. Et les États-Unis sont loin derrière, au 97e rang.


Le Canada, pas si vert qu’on le croirait

François Cardinal

Montréal

Le Canada a beau se présenter comme un pays vert modèle, une analyse fine de son bilan environnemental prouve le contraire : il se classe dans les bas-fonds des palmarès, parmi les pays du tiers-monde, pour son utilisation abusive du pétrole et du charbon, et sa piètre qualité de l’air. Voilà ce qui ressort d’une vaste étude présentée ces derniers jours à Davos par le Yale Center for Environmental Law & Policy.

Conclusion : le Canada se classe au 8e rang mondial… un résultat qui, une fois décortiqué, montre que le pays n’a de leçons à donner à personne, pas même aux États-Unis.

Le dossier de l’énergie, qualifié de primordial parce qu’il s’agit actuellement du principal défi de la communauté internationale, est certainement le plus accablant pour le Canada qui se classe 96e sur 133, tout juste après le Zimbabwe et à bonne distance des États-Unis (80e).

Le Canada a certes des forces considérables comme sa gestion exemplaire de l’eau potable, note le directeur du Centre, Daniel C. Esty. Cela dit, il fait bien piètre figure sur d’autres critères comme la protection de la biodiversité, la qualité de l’air et surtout l’énergie renouvelable.»

Parc Jean-Drapeau et Biosphère d'Environnement Canada
Photo by abdallahh

Pétrole et charbonSi le Canada est relégué au rang de cancre dans le domaine énergétique, c’est en raison de son incapacité de diminuer sa dépendance à l’égard des énergies fossiles, polluantes et non renouvelables. Le pétrole et le charbon constituent encore aujourd’hui les principales sources d’énergie du pays alors qu’ailleurs dans le monde, l’éolien, le nucléaire et le solaire sont en très forte croissance.

Parmi les pays industrialisés, la Suisse, qui mise beaucoup sur le nucléaire et sur l’hydroélectricité, se classe au 18e rang. Le Danemark, qui a entrepris un réel et sérieux virage éolien, est au 37e rang. Même chose pour l’Allemagne (50e) et l’Espagne (53e). Même les États-Unis font leur part, notamment grâce à l’éolien et au nucléaire.

«Si le Canada peut compter en partie sur l’hydroélectricité (au Québec principalement), la majeure partie de son énergie provient de sources fossiles, déplore M. Esty. Cela est un problème majeur, d’autant plus que l’énergie nécessaire pour extirper le pétrole des sables bitumineux de l’Alberta est considérable.»

Rappelons que la production d’énergie est la principale source mondiale d’émissions de gaz à effet de serre, grand responsable des changements climatiques.

Mauvaise qualité de l’air


 Yale Center for British Art, New Haven, CT
Photo by Xavier de Jauréguiberry

Le Yale Center a également comparé la qualité de l’air des différents pays de la communauté internationale. Une fois de plus, le Canada est loin des premiers de classe : il est 60e sur 133, coincé entre le Cambodge et la Slovénie. Cette fois, les États-Unis sont loin derrière, au 97e rang.

La position du Canada n’est pas tout à fait une surprise car, en décembre dernier, Statistique Canada a dévoilé un rapport où l’on notait qu’au cours des 15 dernières années, la croissance du parc automobile et la production pétrolière ont grandement affecté la qualité de l’air. La concentration d’ozone troposphérique, principal gaz formant le smog, s’est accrue de 16 % de 1990 à 2003.

Les nouvelles ne sont pas meilleures lorsque le Yale Center braque sa loupe sur la gestion des ressources naturelles du pays : les forêts, les sols, les océans, etc. Le Canada se classe ainsi 72e, derrière la Suède (56e), mais bien en avant des États-Unis qui, à ce titre, visitent les bas-fonds du palmarès (124e).

«Nous avons examiné à quelpoint l’agriculture et la pêche, notamment, étaient dommageables à l’environnement dans chacun des pays, explique le directeur du Centre. Nous avons constaté qu’au Canada, l’agriculture est subventionnée, que les stocks de poissons sont surexploités et que les forêts ne sont pas gérées de façon durable.»

Des fleursMême si elles sont peu nombreuses, Daniel C. Esty a aussi des fleurs à envoyer au Canada. Il loue en effet la grande qualité et la disponibilité de l’eau potable au pays. Cela permet au pays de finir 9e en ce qui concerne la santé et l’environnement (eau potable et mortalité infantile) et 39e pour les ressources en eau. Premier exercice du genre, cette étude, intitulée Pilot 2006 Environmental Performance Index, est appelée à être révisée annuellement dès 2007, précise M. Esty. Cela permet de rendre plus imputable les décideurs de la communauté internationale. Et si le Canada voulait améliorer ses scores? «Il doit absolument se concentrer sur les enjeux où il n’a pas reçu une bonne note : accroître la production d’énergie renouvelable, améliorer la durabilité des pêches et des forêts, et tenter d’améliorer la qualité de l’air des villes.»